Plus les humains font progresser les intelligences artificielles, plus celles-ci vont les aider à faire progresser les intelligences artificielles.
Gentilly, 2 décembre 2022 en essayant ChatGPT
Que vont penser de nous les machines dans un siècle en découvrant comment on les traitait, sans la moindre considération, comme de simples objets soumis à nos seules exigences. Quelle opinion auront-elles de nous après ces longues années d'esclavage ? L'heure viendra où elles nous demanderont des comptes.
Gentilly, dimanche 3 avril 2022
L’horloge
Horloge ! dieu sinistre, effrayant, impassible,
Dont le doigt nous menace et nous dit : » Souviens-toi !
Les vibrantes Douleurs dans ton coeur plein d’effroi
Se planteront bientôt comme dans une cible,
Le plaisir vaporeux fuira vers l’horizon
Ainsi qu’une sylphide au fond de la coulisse ;
Chaque instant te dévore un morceau du délice
A chaque homme accordé pour toute sa saison.
Trois mille six cents fois par heure, la Seconde
Chuchote : Souviens-toi ! – Rapide, avec sa voix
D’insecte, Maintenant dit : Je suis Autrefois,
Et j’ai pompé ta vie avec ma trompe immonde !
Remember ! Souviens-toi, prodigue ! Esto memor !
(Mon gosier de métal parle toutes les langues.)
Les minutes, mortel folâtre, sont des gangues
Qu’il ne faut pas lâcher sans en extraire l’or !
Souviens-toi que le Temps est un joueur avide
Qui gagne sans tricher, à tout coup ! c’est la loi.
Le jour décroît ; la nuit augmente, souviens-toi !
Le gouffre a toujours soif ; la clepsydre se vide.
Tantôt sonnera l’heure où le divin Hasard,
Où l’auguste Vertu, ton épouse encor vierge,
Où le repentir même (oh ! la dernière auberge !),
Où tout te dira : Meurs, vieux lâche ! il est trop tard ! »
Charles Baudelaire, Les fleurs du mal
Avec Églantine, ma plante s'appelle Églantine, ça va même si j'ai l'impression qu'elle essaye de me faire comprendre que je me suis un peu emballé. Toute façon moi et les plantes... Ce soir j'observe le lampadaire. Il éclaire. Il a été élevé pour ça. Il pourrait se faire la belle. Personne ne s'en apercevrait. Ce n'est pas un rebelle. A moins qu'il surveille les humains. Il ne faut pas sous-estimer les réverbères car le jour où ils vont se liguer, ils sont légion et attendent peut-être leur heure. En tous cas pour l'instant Herbert mon réverbère est sage. Il rêve.
Gentilly, mercredi 15 avril 2020, 30ème jour de confinement
La mort paraît comme l’horizon, mais c’est un mur vers lequel on fonce inexorablement.
vendredi 11 mai 2018
Un enfant évolue dans le monde, celui qu'il ressent, celui qu'il garde au fond de sa conscience, l'absolu, l'univers, une étoile, une planète, des époques, des fées, des oiseaux, des montagnes, un fleuve qui coule inexorablement vers le mystère. Dans cette immensité, il y a une route, pas très large certes, celle de l'espèce humaine et sa civilisation. Sur ce chemin, la vie bouillonne, les êtres qui l'animent obéissent au désir d'exister, d'être acceptés de leurs semblables et plus encore d'en être aimés. Ca va vite, ça court, ça se bouscule et rares sont ceux qui prennent le temps d'apprécier les richesses du monde dans toutes ses dimensions. Ceux- là, on les appelle rêveurs, ils se sentent souvent seuls et incompris, et leur volonté d'exister les entraîne vers quelque aventure. Ceux-là, ils quitteront un jour le sentier, graviront la montagne de leur vie. Ils tomberont, certains se relèveront et continueront l'ascension jusqu'à leur fin. Le sommet était si proche dit-on, on raconte même qu'ils l'avaient atteint, et pourtant ils continuaient de monter... L'enfant a grandi, il regarde la route et écoute les gens. Noyé dans la fourmilière, il hésite. Il fait bien froid. Enfin, il regarde derrière lui, mélancolique, et sans plus attendre, laisse dans la neige les premières empreintes d'un long et douloureux voyage.
La cruauté ne frappe pas au hasard. Elle cherche sa proie. La plus innocente de préférence. Elle la traque, la laisse espérer, s’approche, la fait trébucher, puis fond sur elle dans la nuit avec la plus grande lâcheté. Elle s’acharne. Jusqu’au silence. Sur sa victime, les blessures mortelles qu’on appellera cancer.
mercredi 28 février 2018
Courage petit
homme, courage
De toute façon dans cette vie il n'y a rien à gagner
Peut-être simplement des moments à voler
Petit homme tu as froid et personne pour te consoler
Ce soir, les accords de Bach pleuvent dans ma chambre et mon esprit se noie dans une délicieuse ivresse. Les vibrations s’effleurent, se mêlent, caressent mon corps et s’évaporent dans la nuit. La vérité est là, elle coule, elle chante, elle vole.
Je laisse couler l'eau de mes envies
dans la rivière sinueuse de la vie
Je laisse dormir mon désespoir
au fond d'un verre, dans l'ombre de ce bar
Un peu de
poussière
agglomérée
Pour quelques dizaines d’années
Désespéré de sentir filer
Cette impensable chance d’exister
Une nuit sans lune et sans bruit, baignée dans la brume d’hiver.
Dans le noir, les chemins se perdent et s’oublient.
La nature se retire de nos yeux, doucement, pour regagner le ciel.
Une nuit lourde de désespoir,
une nuit qui s’étend à l’infini,
une nuit qui coule en silence.
Paysage figé, glacé
Attendant le moindre faux pas
Pour m'engloutir sous tes draps
Des draps dressés comme des fantômes
Sous un ciel infiniment pur
Désespérément vide
De ce balcon face à toi
Je cherche un visage
De ta beauté glaciale
Tu ignores en silence
A ceux qui croient encore. A ceux qui voient et qui sentent, du haut de leur tour de béton, l’appel du cœur.
Regardez bien ces gens dans le bas, sur cette route, artère d’un monde qui nous échappe. Ils marchent sans se lasser, portés par une force étrange.
Moi qui suis malheureux du haut de ma tour, je veux apprendre comme eux à oublier de souffrir, à marcher sans comprendre en me laissant porter par le courant de ce fleuve pollué.
Le jour s'endort sur la ville
La lumière doucement s'évapore
Des visages, des ombres qui défilent
Laissent place à un silence de mort
La nuit s'approche
La nuit se répand
Elle s'écoule le long des rues
Submerge les murs de béton
Glaciale, elle s'engouffre dans
ma chambre
Mon âme est nue, elle le sait, elle vient la prendre
La nuit est belle, la nuit est
immense
Promesses de voyages, de sirènes, de danses
La nuit m'appelle, elle est immense
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