Je suis arrivé au Havre, quelque peu handicapé, sous une pluie torrentielle et un vent puissant. Premier arrêt, la plage. L'océan est vert de rage. Au large, entre écume et houle, trois insignifiants planchistes font la fête. Mes parents ont hâte de trouver un lieu pour m'installer à l'abri de cette tempête. La voiture repart, aveugle dans une ville inconnue. La pluie martèle le pare-brise, des bâtiments sombres défilent et les rues n'en finissent pas. Mon père, furieux, parle de cauchemar, ma mère dissimule son inquiétude dans le silence. De mon côté, j'observe à travers la vitre les gens marcher, discuter, maudire ce vent qui les malmènent. C'est ici que je vais vivre cette année.
Devant nous, l'océan. C'est un jour où l'eau semble nerveuse, impalpable. Un jour de caprice peut-être. Elle est belle, le visage tourmenté. D'innombrables rides blanches dessinent un étrange sourire. Au dessus, le ciel avance et menace. Le soleil fatigué va bientôt céder sa place. Les hautes falaises noires et solides attendent impassibles.
La
route descend vers la dune
Les commerçants rentrent leurs derniers étalages
Un homme marche contre le vent
Plus bas, une cabine téléphonique attend
Il la voit, il entre
Des nuages s'amoncellent au-dessus de la mer
Chassant les dernières vapeurs de lumière
Bientôt, la pluie s'abat contre la vitre
Et le vent s'obstine à faire grincer la porte
Le vent passe
La porte s'ouvre sur la nuit
Des pas s'enfoncent dans le sable encore mouillé
Les pas d'une ombre qui se traîne
Sur le sable à jamais mouillé